Jacques Van Brussel
ILUSTRATION PATRICIA COENJEARTS "LE VAGABOND"
Qui se rappelle les premiers frémit
L’instant, où pour la première fois
La devine muse enfin s’immisce
Et sans crier gare, fais entendre sa voix
Une voie, qui depuis longtemps, on espère
Nous guide la main, nous met en émoi
Seconde hors du temps, ce temps qu’on ne gère
Le temps des écrits, de premiers émois
Je me vois m’assoir dans mon fauteuil d’osier
Une plume dans les mains, dans l’autre un papier
Comme aux premiers pas où l’on ne distingue
Le temps des babilles, celui des levées
Un jour en douceur, comme une naissance
Une introspection s’est enfin imposée
L’air qu’on inspire à sa prime naissance
La vérité crue de la créativité nue
Tout arrive
Écrire
ERATO
À KHADIDJA ELHAMRANI MA MIE EN POÉSIE
ET PIERRE NICE MON POÉTIQUE FRÈRE
POUR L’INSPIRATION ET LA FORCE QU’IL
ELLE ME DONNENT
MERCI POUR VOS ENCOURAGEMENTS
À toutes les femmes
Que j’ai connu
Que j’ai aimé
Qu’un jour j’ai vu
Je dois vous dire illico
La seule que j’aime
C’est Erato
Et même les hommes
Que j’ai aimé
Ceux avec qui
J’ai partagé
Sachez-le bien, oh, mes potos
La seule que j’aime
C’est Erato
Puis mes enfants
Pardonnez-moi
Cette vérité
Je vous la dois
Entre elle et vous
Y a pas photo
La seule que j’aime
C’est Erato
Un jour, elle m’a prise à son sein
M’a biberonné de ses refrains
Toujours, elle donne les premiers mots
De mes poèmes,
Erato
Vous, si un jour vous avez cru
Qu’a vos pieds, je me suis ru
La seule pour qui je courbe le dos
C’est Erato
Erato, ma belle muse
Si un jour, par quelques ruses
Tu viendrais à me quitter
Je te suivrais
----1----
Quand tu plonges, je plonge avec toi
Dans le tréfonds des profondeurs de ta poésie
On ira cueillir des coraux cosmiques et des poissons-lunes
Rien que pour nos plumes
On se soulera à l’encre de seiche, noir de nos écrits
Et l’on suivra la route des baleines au chant de leurs poèmes
Le bleu de Neptune nous colorera les yeux
On sera l’égale des Dieux
Erato, ma belle compagne, seras-tu mon poisson-lyre
Je suivrai ta trace jusqu’à la surface avant que le bord ne vire
----2----
Tu vogues sur les vagues en surfeur hawaïen
Tu n’as jamais peur de rien
Au creux de la vague tu cut back dans des barrels protecteurs
Et trace en lignes aquatiques des phrases éphémères atlantiques
La main d’Erato guide tes pas inspirés au-delà du possible
Tu plonges dans le noir de ton encre en fou de Bassan
Jésus héraldique, tu danses sur les surfaces aquatiques
Et dessine des mots magiques inspirés par ta muse
Tu marches en empereur, seul, devant tes troupes
----3----
Bravant les dangers innommables, tu protèges ton œuvre
Au temps des écrits, tu chéris ta muse, elle se place en maitre d’œuvre
Hélène, serai-je toujours seul dans ce royaume trop étriqué
Entouré par les eaux de mon inspiration
Même devant la Bérézina j’ai trouvé la force de poursuivre
En laissant derrière les mots inutiles les phrases trop faibles pour vivre
J’écris des pages d’histoires en dernier héraut des antiques
Oh! Erato, ma muse, je fus la pointe de ta plume
À l’encre aux couleurs héraldiques
Ai-je péché par orgueil, déchiré les recueilles encore à écrire
Ou fût cette île mon destin, pour ma muse une belle fin
Héros en exil dans les eaux du Léthé sur son hellénique île
Erato, sur l’autel épique je me suis sacrifié
Abandonné par les dieux, je fus le héros décrié
Au son de ta lyre
.…4….
Erato Accompagne-moi de ta lyre et chante-moi tes hymnes dans ma main
Je danserai des pieds de vers, fins comme des pointes
Des tournures de phrases sacralisées aux murmures de tes lèvres
Sur l’autel de ma prière, je me ferai Derviche pour toi
….5….
Je me suis tourné en planétaire sur blanc immaculé
Une circumambulation écrite en noirs arabesques sacralisées
Ma plume virevolte sur son de l’oud et du ney
Aux rythmes polymorphes du kuküm
Danse sacrée pour des dieux millénaires
Je te chante en mystique pour la Samâ’
Divine muse, je t’envoie ma prière
Dans mes chants dans la semahâne
Je danse lunaire ma prière au soleil
Ma main tendue dans l’espace
Je tourne en toupille et je m’émerveille
Je sème tes paroles en extase
….6….
Au souffle de ta voix, j’écris des mots invraisemblables
L’amour, je te le chante, je le chante pour toi
Je frôle de mes doigts ton corps divin
Tu seras mon amante
J’irai jusqu’à Galatée pour entendre ta voix
Erato, puis-je vous aimer, comme on aime sa belle
Puis-je un jour, sentir ton corps contre moi
Enlève tes oripeaux, viens avec moi et deviens celle
Qui caresse mon âme au son de sa voix
Ma belle Erato, allonge ton âme aux côtés de moi
Sur ma feuille blanche, ma couche est chaude
Tu me fusionnes dans une douceur de soie
Tu me couvres d’une douce étreinte,
Je te pénètre jusqu’à l’aube
Je coule mon encre dans ton âme fleurie
Ton âme me coule ta sève dans mes vers inspirés
J’extase tes mots, jusqu’à l’ultime oubli
Tu te retires discrètement me laissant transporté
….7….
Je te suivrais jusqu’en enfer,
Erato
Mais l’enfer est pavé et je suis fatigué
Puis-je m’assoir un instant sur ta route
Voir passer des raies-papillons
Au bout du chemin il y a, tu t’en doutes
Il y a les croisés des bonnes intentions
Je te suivrai jusqu’en enfer, Belle Rebelle
Si tu m’appelles, je te suivrai même sur cette terre
Je suis un Flamant d’enfance, perdu en France
J’ai faim de paroles et j’ai soif de chants
Erato, toi, qui as des seins multiples
Allaite-moi, abreuve-moi de l’instant
Et que suit le poétique périple
Je rendrais Charon millionnaire pour le faire taire
J’irais jusqu’au Léthé pour tout oublier
J’y laisserais sa barque, mais je persisterais
Je veux voir chaque feuille d’un œil nouveau
Je veux réinventer chaque mot
J’écouterai ta lyre pour qu’elle m’inspire
Erato
Ouvre-moi les yeux
Emmène-moi au royaume des dieux
J’en crève, refais-moi vivre le rêve
Écris sur ma peau en perles de sang
Des hymnes oubliés encore à inventer
….8….
Le long des fleuves, au-delà du mont enneigé
J’ai vu se lever le soleil bleu
Bleu immaculé comme les profondeurs océaniques
Les plages égéennes me furent interdites
Plongeur de perles, je cherchais la perle noire
Dans des profondeurs apnéiques, j’ai trouvé la mort
D’un baiser hypnotique
Perachora, j’ai prié sept jours et sept nuits
Dans ton temple
Erato
Au son de ta lyre
J’ai chanté des chants polyphoniques
Aux sons qui s’entrechoquèrent, jusqu’aux profondeurs d’Épidaure
Tu m’as ressuscité des morts
….9….
Erato
En chantant les mots, tu me soufflas les phrases
Et les tournas mille fois dans ma tête
Tu m’habillas de poétiques fêtes
Et plongeas mes textes dans les fonts baptismaux
…10…
Je suis né de tes phrases
Bien avant que la nuit fût levée
J’ai pleuré à ton sein
Erato
Tu m’as nourri de ta langue
Je suis en phrase avec toi
Et chante le jour, comme le jour cri l’amour
Je suis ton païen, poïen
Dilettant, amoureux
Vagabond sur tes terres
Tu es là Mère
J’ai posé dans ma demeure
Des grappes de poèmes
Comme on dispose des fleurs
Au pied de celle qu’on aime
Et récité à l’envi
Des flagrances suaves
Pour lui plaire, ma mie
Pour être son esclave
Laissez-les où ils sont
De peur que je ne la perde
Ne lui volez pas mon don
À ma princesse en herbe
Vous auriez tout loisir
Si jamais ils vous manquent
De humer à l’envi
Mes poétiques acanthes
Lorsque vous repartez
Faite-le à douce pas
Nous vous en saurions gré
Ma belle mie et moi
Que serai-je sans toi
Que serai-je sans les autres
Un poète sans toit
Qui ne saurait s’exprimer
Un scribouillard médiocre
Qui, de temps à autre
Poseraient quelques rimes
Pour faire passer le temps
J’ai tant aimé tes encouragements
Je me fais porter par ta musique,
Toi, ma muse
Je ne suis rien d’autre
Qu’un simple dilettant
Qui cherche à atteindre
L’alme par la ruse
Je n’ai rien à t’offrir
Que des vers, quelques rimes
Erato, tous les jours
Je n’attends que toi
Que serais-je sans toi…
Tous les jours, le matin, aux levées
Il y a le doute qui me prend et m’effraie
Je m’arme de ruse
Pour savoir, si ma muse
Veut encore aujourd’hui m’inspirer
Chaque jour, je suis désespéré
La magie m’a pour toujours quittée
Je ne trouve pas les vers
Comme si, depuis hier
J’ai bu à la source du Léthé
Tous les jours, c’est la même cérémonie
Erato, mon aimée je la prie
J’ai besoin pour mon calme
De sa poétique alme
Qui m’apaise et inspire mes écrits
Assis à ma table, dans un clair-obscur
J’écris pour moi ce poème
Depuis bien trop longtemps maintenant
Une idée, comme une belle bohème
Me bouscule l’âme: m’inspire pour sûr
Au fond de moi, les mots se bousculent
Les vers se tirant la bourre
Se rangent, par un heureux hasard
En douce strophes, en rimes d’amour
Aux rythmes inspirés et parfois un peu ridicules
Je vous aime mon ange, ma muse, mon amour
Je vous aime en preux chevalier
Et vous offre mon arme, ma plume
Si jamais vous repartiez, me laissiez
J’attendrai impatiemment votre retour
Je mange mes mots, en cherchant mes phrases
Je compte mes pieds ; n’étaient-ils pas deux
Je ne ponctue pas, je te crois assez sage
Pour découvrir l’écrit dans un premier adieu
Je tourne les phrases sept fois dans ta bouche
La mienne est trop sèche, elle a tout donné
Les traces de mes pieds doivent laisser une touche
Comme, touche le peintre, d’une touche colorée
Je tourne mes mots, les miens, dans tes phrases
Je bâtis chaque lettre, chaque mot d’une strophe
À la fin de l’écrit, je me trouve en extase
Je t’entends chanter ; tu me chantes antistrophe
Erato, Erato, que n’ai-je pas fait pour toi
J’errai au son de ta voix
Je limitrophe, j’apostrophe, je cherche mon alme
Une terre poétique comme un sein nourricier
Enfin, je m’extirpe de ma plume en larmes
Et laisse mes écrits dans une encre séchée
Sauras-tu lire les mots, mes mots à venir
Sauras-tu dire les phrases, me les amener
Est-ce dans ta bouche que l’encre recoulera
Referas-tu vivre l’empreinte de mes pieds
Erato, Erato, je te dédie mon poème
Je m’en vais m’écrire ma vie en bohème
Le long de tes pieds
Tu l’aimes plus que jamais
La nuit se calme
Les voix s’apaisent
Les âmes se font discrètes
Et enfin, je reste seul
Avec mes rimes,
Arrimé au port d’Erato
Je me mène en bateau
Léthé, tu es la source de l’oubli
L’étais-tu quand j’étais en vie
Je veux oublier le moindre souvenir
Pour t’honorer, pour te servir
Erato, ma divine muse
Jamais je ne te refuse
La moindre poésie
Je m’inspire de tes délires
Oh, ma Mie Je te propose
Mes vers de prose
Comme des parterres de fleurs
Qui honore tes jardins, ta demeure
Païen-Poïen
Une belle vie, c'est une pensée de la jeunesse
Réalisée dans l'âge mûr.
Alfred de Vigny
Je t’offre mes rêves en sang d’encre
Mon encre en sève de vie
Des pages de mon recueillir
Mes nuits quand je lève l’ancre
Ta morsure je la reçois en héritage
Je vogue sur ton souvenir
Je voile les plus beaux rivages
Où mes pieds me font atterrir
Je pose mes pieds de vers
Des vers fragiles, cristallins
En traces de vie au bord de mer
Emportés par un souffle divin
Je pose mon sang sur des pages de souffle
Je lie, et je lis, et je relivre mon âme
Sans jamais, non jamais le fleuve ne souffre
Du cours de mes rêves, les mots qui en émanent
Ne rien attendre, tout espérer
Et se battre, rester digne
Les pires bassesses pour pouvoir publier
Les humiliantes concessions
Et la course après la reconnaissance
JE M’EN TAPE
Je suis un sauvage de l’écrit
J’écris mes poèmes sur des murs inédits
Comme on tague les villes sans âme
Chaque prose réalisée se doit d’être oubliée
Le temps joue en ma faveur, m’enflamme
APRÈS MOI, IL Y EN AURA D’AUTRES
Je ne veux pas être enfermé dans des discussions stériles
Avec de pauvres linguistes d’une sècheresse débile
Des imbéciles puristes qui prosodient avec de mortes concepts
Ils sont pauvres, ils sont desséchés, leurs arguties sont ineptes
Je ne veux pas m’aliéner avec des hypocrites groupes
JE NE LEUR SERVIRAI PAS LA SOUPE
Je rêve mes vers en paysages bucoliques
En chanteur de rue qui sème sa musique
Je suis le dilettant royal d’une longue dynastie
Le cuiseur de pain aux poétiques envies
À quoi ça sert d’écrire des poèmes
LA POÉSIE, ÇA SE VIE
À la recherche de mon âme, je me suis perdu
De vu, de vous à moi je ne m’y trouvais plus
J’ai repris ma route là où je l’avais laissé
Pour vivre en poète en toute liberté
JE SUIS UN POÈTE,
MA MIE
JE SUIS UN BOULANGER
Ils ont surgi de la nuit des temps
D’un chant lointain passé
Ils apparurent d’un ombre immense
A l’orée d’une forêt
Ils déroulèrent, d’un chant barbare
L’âme du bois sacré
…
Ils sont dix, ils sont cent Ils sont dix-mille âmes
Des ombres en rangs serrées
Comme extirpé de la forêt
Brisant la brume d’une nuit vieillissante
Aux chants des anciennes armées
Chantant d’une voix forte et puissante
Le valeureux chant du guerrier
Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines
…
Le jour s’allume en pleine nuit,la brume se disperse
Quand l’aigle fonce au combat, armé de sa bannière
Sur la place sacrée à l’ombre Marseau une génération se lève
Entends les pas, le chant des martiaux
Sacralisé par le glaive
C’est le sacré qui nous transporte
Nous sommes comme jeunes et de bravoure
Les chevaliers de Brocéliande
Pour la patrie et par amour
...
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
J’ai vu le sang couler dans tes veines
Tes yeux me scrutaient jour et nuit
Ta voix m’était plus familière que la mienne
Je sais tes engouasses, je connais tes cris
Quatre ans d’enfer postés l’un contre l’autre
Crever de faim et les pieds dans la boue
Emmitouflé dans une espèce de fautre
J’ai oublié ton nom, j’ai cru devenir fou
Rien!
Rien!
Rien n’a encore d’importance
Ni la vie ni la mort, même pas la dignité
On nous extirpa de notre tendre innocence
Pour servir de médaille aux plus hauts gradés
J’ai vu les cadavres se lever dans la pleine
Des vivants déchiquetés dans la boue
J’ai dû vomir mon repas au rendez-vous du trépas
J’ai eu peur d’y aller, je l’avoue
Il nous en a fallu du courage pour partir à l’assaut
Dans cette orgie de sang et de larmes
Pour revenir, j’ai dû porter un homme sur mon dos
Il était tombé sous le crachat des armes
Nous fîmes convier à la fête infernale
En invités vedettes du roi des enfers
Et massacrés dans une danse tribale
Pour assouvir cette soif de sang et de chair
Oh, mon Dieu, je vois encore ton visage
Les traits juvéniles, encore presque un enfant
Mais à la guerre, un homme n’a pas d’âge
Pour tuer ou mourir, on ne compte pas le temps
Au pays de Dante, il n’y a pas d’éclats d’obus
J’ai vu le grand oiseau s’embraser
Bel oiseau-lyre, qui jadis nous chantait
Qui jadis nous chantait ses odes à la vie
Nous chantait des ondées, de pures poésies
J’ai vu ses plumes de feu attiser des passions
Des passions tristes, enflammées d’une flammèche
Flambée d’une lèche, d’un oiseau infamant
Et il n’y a pas de larmes assez, et qui éteignent
Pas de baumes de baisers, plus d’amour
Fasciné par ce grand volatil flamboyant
On s’éprend d’une passion mortifère
Enlacés de ses flammes, on se perd
Et l’on se consume, comme se consume
Une feuille enflammée, un feu follet
Et quand le manque d’air nous fait sentir la fin
De feu en oiseau-lyre, il nous revient
Et d’un doux chant, il nous embaume nos blessures
D’ondées de larmes qui apaisent nos vacarmes
J’ai erré le monde, loin
Et parcouru mes rêves
J’ai tout rangé, avec soin
J’ai voulu une trêve
Dans les placards de mon passé
J’ai classé toute une vie
Sur le bureau de cuir glacé
Une feuille blanche, qui me sourit
SHUTDOWN
Plus grand que toi, il y a Gê
La Mère de toute vie sur terre
L’être n’est que l’étant qui va naître
Naître est le début, d’une longue agonie
Et entretemps, il nous faut vivre …
Oh Matrice divine, tu nous donnes le droit de croître
De tes sources sacrées,
Tu abreuves nos voix
Et nourris nos âmes, apaise nos engouasses
Vie…
VIE…
VIE !
Mère nourricière
Le temps de la fin est enfin arrivé
Les jours se sont mis au nord de la nuit
Le crépuscule avant de renaître
…
Heimdall descend de ton arc de feu
Le roi de houx doit céder sa place
De chêne le nouveau roi le remplace
Le cycle de vie nous revient de tes vœux
Dansant la mort du soleil au lointain
Le feu se fera dans nos âtres
Une nouvelle vie à l’éclat adamantin
Dois renaître, comme renaître et croître
…
Plus grand que toi, il y a Gaya
La Mère de toute vie sur terre
Naître n’est qu’être tout en naissant
Naître est le début d’une vie
Illumine les fenêtres de l’éclat d’une flamme
Gê va enfin se régénérer
…
Gaïa n'est pas une mère, elle est là Mère.
La Matrice n'est pas une maternité,
Elle est l'Exosphère dans laquelle
Gaïa chérit toute forme de vie
Et de laquelle elle rayonne de vitalité
Jusqu’aux confins de l'héliosphère
…
Gaïa est la vie, la mort, la haine, l'amour,
Le Yin et le Yang, la régénérescence,
Le renouveau, le calme plat, la transe.
Elle est pierre, elle est feux, elle est air et eau
La constance, l’inconstance, le laid, le beau
Elle est vie, elle n’est pas la mort
Elle est celle, quand on s’endort
Qui nous accueille en son sein
Elle est d’où l'on va , d’où l'en viens
La fête de Yule embrase l'âtre de nos cœurs
La nuit sera longue.
La mèche cachée par le cierge
Danseras de toutes se lumières
Jusqu’à l’aube de l’an
Les Æsirs sont de retour
L’arbre de vie trône dans nos demeures
Orné des astres du ciel
J’ai pris la bûche, la plus grande trouvée
Elle gardera le feu du soleil
La fête de Yule embrase l'âtre de nos cœurs
La nuit sera longue.
…
Harald mon roi aux beaux cheveux
Je chante avec toi ce mémoire
…
Limpide comme l'eau aux rayons de la lune
Tes mots s'ancrent en moi
J’entends tes vers qui comme un trait de plume
S’envolent, me laissent sans voix
Toi le poète tu caresses mon âme
De ton souffle tu éveilles mon regard
Tu m’inspires les phrases, ravives la flamme
Des écrits que nous fîmes autrefois
En lettres de sang, tu écris sur les pages
Vélin ou les pages de soie
Tu traces en dessin comme tu chantes des images
Jongleur sur un fil, impétueux funambule
Tu sèmes tes poèmes à claire voix
…
Je lève mon verre en l’honneur de la nuit
L’heure de la propitiation est venue
Le jour sera fécond
Écoute le sang qui coule dans nos veines
Le toucher ce serait vain et combien illusoire
La magie ne s’opère pas le soir, elle se performe
Sur la grande scène, se transforme, dans un flot
Une farandole de mots vivants, en nos poèmes
La comédie, elle se vit, on lui donne nos larmes
Notre sang, elle s’incarne comme une âme nouvelle
Pour qu’elle vous interpelle, elle est faite de mots
Une musique, si, la, do, que l’on chante sans savoir
Si l’on chantera encore ce soir, comme un dernier solo
Écoute la musique de nos mots, elle chante
Comme chante une Alicante, elle ne coule point
Quand elle nous vient, mon amie, elle s’improvise
Et quoi que l’on en dise, elle finit par nous dessiner
Dans la lumière, une mélopée de vers, d’idiomes
J’ai vu des fantômes dans l’ombre des coulisses
Le son feutré, la lumière grise, une solitude sur papier
Les traces de pas imaginé, d’une ballerine à l’ancre
D’une plume dans l’encrier, de loin, je l’ai vue crier
MUNCH
J’ai vu les vers se briser, une mère déchaînée
J’ai vu le sang couler dans ses veines
La toucher serait vain
La ville s’endort au rythme du froid
Sur la place aux arènes, un toréro s’est figé
La façade d’arcades s’est enfin illuminée
Et les passants qui s’arrêtent
Comme ils s’arrêtent tous les ans
Pour permettre à l’enfant
Qu’un jour ils ont été
De mieux en profiter
De revivre cet instant
La ville s’endort au rythme du froid
Au jardin de la fontaine, Diane s’en est allée
Le sanctuaire de la source s’est éclairé pour toi
Et les badauds qui regardent
Comme on regarde le temps
Tu te relèves le col
Pour conjurer le vent
En t’imaginant nymphe Nymphe des océans
Mais l’océan est loin et tu n’es pas une source
Ou seulement pour moi, mais alors à l’eau douce
Et tu ne t’en irais pas loin, parce qu’à toi, tu sais, je tiens
Et tenir à toi, c’est comme s’abreuver à l’eau de source
À ta claire fontaine, un jour, je m’en suis venu
Pour ne jamais m’en aller et depuis que je t’ai bu
Plus rien ne me désaltère, que l’eau de ton ru
Qui ruisselle dans mes veines et déborde de tes crues
La ville s’endort au rythme du froid
Le soleil blafard ne tardera pas de se coucher
Dans les ruelles, les vitrines fraichement lavées
Scintillent de milles couleurs
Et les gens emmitouflés
Sous les échos de leurs souliers
Et qui pressent le pas
Comme se presse le pas
Les badauds, quand ils ont froid
Je ne suis qu’un poète pouilleux
Je verse ma poésie en strophes douteuses
Païen poïen, je lutte pour la belle prose
Celle de l’Amour, celle de la bonne cause
La mienne, si j’ose, est celle du verbe choisi
Que m’importe qu’elle soit trop jeune, trop vieillit
Je la pose en lignes fractales, aux pieds d’argile funambule
Ma danse est vulnérable et fragile
Je promène mon pairi-daeza avec bonheur
Je cultive mes mots, en besogneux laboureur
Mes champs ne sont pas ceux des batailles
Ou alors, de celle où les semailles ont un goût de liberté,
Je suis le révolté
Je suis l’éternel amoureux
Je sème sur mes lais, à l’orée de mes cieux
Des bouquets d’œillets, de poètes en herbe
Pour des fleurs des champs encore vierges
De toute pollution
Celle que je préfère, en somme
Ce sont les quatrains, et que Dieu me pardonne
Les catins, les catines, les Katherine, les divines
Les muses infidèles, les pieuses, les heureuses
Celles qui me prêtent l’ouïe, pour que j’oie mes comptines
Je sème pour les filles que j’aime, les gracieuses
Et qui m’aiment, elles sont ma belle prose
Païen poïen, je lutte pour leur bonne cause
Ma Mie en Poésie, si tu veux
Je ne suis qu’un poète pouilleux
J’ai tant à donner, pour ne plus te perdre
J’ai tant à souffrir et tant à découvrir
Pour te garder, j’irai jusqu’aherdre
Le moindre souffle, le moindre souvenir
J’ai traversé des monts de solitude
J’ai vu le ciel de ses hauteurs enneigées
Dans les bordels remplis de prostiputes
J’ai bu le vice jusqu’à ne plus aimer
Dans des églises de religion à naître
J’ai tout sacrifié sur des autels d’argent
Esclave, martyr, de nombres dieux, ni maîtres
Je tenais la lame aux sacrifices d’enfants
Aucune eau ne peut être assez profonde
Il n’y a pas de mer, trop bleue, pour enfanter
Je me ferai juge, le jour de me confondre
Et pour te voir, j’irais jusqu’à me damner
Lilith, je t’ai connu avant de naître
Je garde en moi des désirs inassouvis
Il y a-t-il un fruit, pour que tu puisses renaître
Dans mes entrailles, il n’y aura jamais d’oubli
Le chemin de retour est loin devant
Les rêves trop épars
Caché derrière le néant
, Là, où je dois renaitre
J’ai semé les cailloux,
Sur des chemins de traverse
J’ai rattrapé la lune
Je gravis les cimes, les monts
J’ai lézardé des vallées
De tout mon être, je maudis la terre
Le chemin de retour, est loin derrière
Des jardins trop rêvés
Aux longues laies fleurie
s Naquirent du réel
Un soleil plus doux
Apaisa mon âme
J’ai tant rêvé mon alme
Assis sur un banc
Je compte les nuages
Enfin
Je suis rentrée
Un vagabond apaisé
J’ai vu des péripatéticiens
Filer des philosophes au train
Des magnifiques et jeunes éphèbes
À dix mille mètres au-dessus de la plèbe
Se prendre pour des Anaximandre
Tout en se perdant dans les méandres
De l’art difficile de la philosophie
Il leur manquait peut-être un peu de poésie
J’ai vu des « putes » plus avisées
Dans la populace bien encrée
Me souffler avec beaucoup d’aisance
Des vérités d’une beauté intenses
Une vérité digne d’Hypatie
La femme savante d’Alexandrie
Et qui m’ont laissé de poétiques images
Des vérités dignes des lointains âges
Alors je vous en prie, ne juger pas trop vite
Les poètes (ses) quand on vous les cite
Ce ne sont pas leurs provenances
Qui peuvent avoir quelconque importance
Un philosophe péripatéticien
Peut-être pire que la pire des catins
Alors que dans une simple fille de joie
Il peut y avoir plus de poésie que tu crois
Les silences Frédériciens
Ou le zénith est plus loin
Que l’horizon étendu
Le silence en lointaine vue
Une parenthèse dans le temps
L’éternité étendue devant
Le silence de Van Beethoven
Dans sa musique quand elle se love
En aisance, en accord
Jusqu’aux limites, mais d’abord
Comme une note indicative
Est un silence sensitif
Les silences du poète
Qui se ponctue au fleuret
Tous ces mots qu’il n’a pas dits
Toute l’essence de sa poésie
Les silences qui l’accompagnent
Comme on accompagne une vie
Et le silence du philosophe
Qui se tait que l’on apostrophe
Le silence dans sa pensée
Toute une suite philosophé
Un silence nécessaire pour faire
Une fugue avec ses pères
Puis le silence dans son vacarme
Qui nous touche nous désarme
Qui résonne dans nos pensées
Comme un bruit ancestral
Et qui risque de nous emporter
Dans une volute théâtrale
Tous ces silences prometteurs
Pour le lecteur
…
Je t’ai suivi partout où tu es allé
Je me suis tu quand les autres ce sont ru’
Pour submerger toutes tes pensées
Aux premiers silences autour de toi, je suis revenu
Quand tes mots se sont abreuvés au Léthé
Je t’écoutais, même dans tes cris les plus barbares
Dans les ivresses et la tristesse de certains soirs
Je fus pour toi le salvateur pour que ta plainte ne meure
En moi résonne ta poésie,
Tes vers enfin prennent vie
Je suis la cible de tes complaintes
De tes assauts, de tes quatraintes
Je prends tout ce que tu veux donner
Tout ce qui reste à ma portée
Même les miettes que tu éparpilles
Je ramasse mes billes
Tout au fond de moi, je refais ta vie, je remets en moi
Je me remets en bouche le son de tes choix
Et tous tes mots que je me reconstruis, ta mélodie
Caisse de résonnance, depuis ton enfance
Tu me poursuis de tes avances poétiques
Je te protège de ta solitude pathétique
En t’écoutant, je suis ta fidèle acoustique
L’écho qui te renvoie le son de ta voix
La douleur est un cri
Qui saigne dans le cœur
Et résonne dans nos veines
Jusqu’à prendre tout le corps
La douleur est un chant
Comme une bataille perdue
Une mélopée, qui tristement
Obsède et vous tues
La douleur est une voix
Une voie sans issue
Une ruine qui, quand on l’écoute
Vous mène à la rue
La douleur quand elle t’emporte
De toute son énergie
Dans ses tourbillons hypnotiques
On y perd la vie
La douleur se propose
Comme un soporifique
Qui atténue la chose
Jusqu’à devenir hypnotique
La douleur, il ne faut pas
L’écouter trop longtemps
Il faut l’enfermer dans son cœur
Et la chérir de temps en temps
La douleur nous apaise
Jusqu’à devenir amie
Nous accompagne, de temps à autre
Quand on reprend goût à la vie
Alors la douleur se grave
Dans les rides du temps
Et nous accompagne
Dans notre vieillissement
Ça marche avec amour, fidélité, amitié, sincérité, respect, et vie
Ça marche avec vie ta vie, intensément, sans nuances
Sincèrement, sans offenses, vis la vie et BONHEUR
Réveille-toi, c’est l’heure
DIEU
Ouvre tes yeux
C’est comme un héritage
Un jeu, dans lequel c’est toi l’enjeu
La vérité se négocie en virages, la vérité est sage
Comme la voie du mage, fragile, tranquille, indélébile, fébrile
Le poète écrit
Du fond de son âme
Le peintre peint du bout du pinceau
Les chanteurs chantent de toute leur voix
Un acteur vient vous offrir son rôle
Le compositeur compose
Et Michelangelo…
La vérité
Les ambiances nocturnes
La lumière en moins
Me rendant taciturne
Me rendant chafouin
Les heures à tourner
À chercher le sommeil
Dans une obscure ambiance
À guetter le réveil
Plutôt loup, que chien
Entre eux deux, j’ai choisi
Ils finiront en festin
Mes délires ovins
Et c’est là qu’une idée
Sournoisement m’envahit
Celle de ne pas oublier
Ce que le dicton dit
Ne vous faites envahir par le désespoir
Prenez en patience, votre mal
C’est quand la nuit est au plus noir
Que l’on peut voir le plus d’étoiles
J’ai touché la mort d’un doigt
Juste frôlé du bout, je crois.
Un jour sans crier gare,
Assis devant mon miroir,
Je l’ai vu apparaitre, si j’ose
Dire, en anamorphose
Un autre-moi si différent
Et pourtant égal à
L’image que je me fais,
Enfin plutôt à l’imparfait
. Il m’est rentré une sorte de froid.
D’abord par ce bout de doigt
, Une sensation cristalline, comme
Un givre qui me consomme
Et se propage en parfait coprophage
Se nourrissant du reste de ma vie.
Ce froid je l’ai d’abord senti
Remonter par mon bras et puis
Inexorablement, me glacer jusqu’au front.
Envahir mon corps.
Dans un dernier frisson
Un spasme désespéré
J’ai essayé
De sauver ma dernière part d’humanité.
Je vous en prie, touchez-moi le cœur
Sauvez-moi de mes humeurs.
Brisez mon miroir
Que dégèle mon désespoir.
J’ai la plume de l’eider, sortie de l’édredon
Une plume si douce, qu’elle se trempe dans mes rêves
Et m’écrit d’une encre aérienne
Sur un ciel de lit, ses plus beaux poèmes
J’ai un ciel de lit, plus étoilé qu’un ciel d’hiver
Et qui me rêve toutes les nuits, des rêves en polychrome
Qui me berce au rythme de mes chants
Tous les soirs, à l’encre bleu nuit, presque noir
Et qui m’émeut, et qui me berce, comme on berce un enfant
Je suis l’enfant de la houle, du berceau
Je dessine sur parchemin un monde d’édredon
Un monde si doux qu’il chemine en nuages aériens
Et qui jamais ne me refrène
J’ai gardé au bout de mes doigts
Comme un goût de poèmes, qui, comme il se doit
Ne demandent juste une plume légère L’encre de mon âme
Et le souffle de ma voix
Assis sur un banc sur la Lune
Je vois passer devant moi
La Terre, son passé, d’une plume
Caresser l’océan
Sur la Lune, un banc me propose
D’écrire une prose pour toi, ma Mie
Ma compagne, prisonnière en campagne
D’une main tremblante, j’ose à peine
Caresser l’océan
Je décroche pour toi cette Terre
Juste pour te plaire, la dépose, je crois
À tes pieds, dans des vers consommés
Que tu puisses imperceptiblement
Caresser l’océan
Je caresse d’une main cette Terre
Je pose une plume, comme se pose
Doucement une brume sur l’océan,
Avec toi, je suis sur la Lune
Assis sur un banc
La brume diffuse au-dessus des eaux acratopèges
Ne saurait être insignifiante
Elle se détache en volutes et chante mon ami, elle chante
D’étranges mélopées d’une voix embrumée
Et danse des suaves arabesques
Montée sur les murs du temps, aliéné aux antiques fresques
Aède, plonge ta plume dans l’eau d’encre du Léthé,
Chante d’un voile circulaire
Le temps nous spirale des chants de naguère
Au mont Olympe, la voix des oiseaux
Nous revient en polyphoniques vacarmes
Aux lointains échos de sirènes licornes
Sang, rouge sang, la Lune réverbère en héraldiques formes
Le temps des héros appartient au passé
Les eaux saumâtres du Styx nous informent
Les brumes de l’oubli nous viennent du Léthé
Chante ton dernier poème, les eaux sont acratopèges
Écoute l’écho de tes insignifiantes arpèges
Envelopper ta voix dans des brumes arabesques
Désespéré, le poète peint ses dernières fresques
Comme on laisse des paroles aux tombeaux millénaires
Je ne veux pas de deux
Il est trop sinistre
Je ne peux dire mieux
Et dans son registre
Il est encombrant
Un signe du temps
On n’est jamais seul
Toujours accompagné
Puis abandonné
D’un amour en deuil
Devant son miroir
On perd tout espoir
Je ne peux pas le deux
J’essaie, mais je pense
Que je ne peux faire mieux
Le deux, ça ne se danse
Ce n’est rien de plus
Qu’un pas cadencé
Des bottes militaires
Le son de la guerre
Même à l’opéra
Un pas de deux se danse
Chacun pour soi
Il n’y a pas de transe
Il n’y a pas d’amour
Côté jardin côté cour
Tiens, donne-moi du trois
Le trois, çà ce dance
C’est comme un émoi
Qui toujours avance
Une vieille rengaine
Un joli refrain
Ou donne-moi du vingt
Le vingt me va bien
Il me rend joyeux
Ce n’est pas comme le deux
Qui est triste, malheureux
Je ne veux pas de deux
J’ai semé des lettres aux quatre vents
Et les rassembla dans des livres jadis oubliés
Fragiles boutons de poèmes d’antan
Éclos en fleures luxuriantes rassemblés
Dans une métamorphose
En bouquets de proses
Dans une prosodie de vases
Délicatement disposé sur un claustra de phrases
Une intime narration sur papier d’une vie
Pure Anthologie
Seul le monde se souviendra de moi
Seul
Pour les autres, je serais toujours avec eux
Pas de deux
Ou de trois, pour ceux qui sont plus proches de moi
Et pour moi
Je ne me souviendrai plus de rien
Ou l’intense présence de ceux à qui je tiens
Pour un instant d’éternité
Ultime instant, souvenirs volés
Seul
Pas de deux
Ou de trois
Seul pour moi
Enfin, le jour qui fuit
Faisant place à la nuit
C’est le temps des rêves
Des souvenirs, une trêve
Au cours de ma vie
Mes yeux de lourdeur se closent
Sur ma tête, un voile se pose
Une berceuse bercée
Une étreinte de Morphée
Des nocturnes histoires se proposent
Enfin, je fuis le jour
Les yeux trop lourds
Une nocturne trêve
Me renvoi à mes rêves
Jusqu’au jour nouveau
Je te cherchais au-delà l’horizon de Planck
Là, où les murs n’ont plus de mémoire
Là, où je poursuivis les univers-iles
Comme si le temps m’était conté, je te cherchais
J’irais gréer mon âme aux voiles alizéens
Lèverais mon ancrage de peur d’aherdre
Et suivrait le cap poussé aux vents sélénien
Lâchant les amarres aux étoiles de nuits noires
Au-delà des tropiques du capricorne,
J’ai constellé au jour nouveau ton firmament
J’ai hurlé avec les rugissantes ton nom, Cybèle
Je n’ai eu comme réponse que du vent
Souviens-toi du temps, où les roses
Fleurirent nos pas à chaque enjambée
Le temps ou nos laies se mirent en pause
Le temps de se voir
Aux croisées des chemins
La rose éclot, aux jonctions de nos mains
Libérant du creux, des flaveurs embaument
Aux routes croisées, nous vécûmes à dessin
Un nouveau partage d’une vie en amants
Pairi-daeza
De rose dans notre Éden, la fleur fut trémière
Fragile et non moins téméraire
D’amour un jour nous nous sommes aimés
Comment maintenant vous désaimer
Le long de la drève des cygnes noirs
Glissent sur un ru opaque
Livide, j’observe le lien
Il, ne me reste plus rien
Plus de drachmes pour atteindre l’alter-rive
J’ai joué mon dernier lepton dans l’eau vive
De ma jeunesse trop agitée, trop turbulé
Je n’ai plus la force, que puis-je encore donner
Je serai l’éternel errant dans un no-mans land
Ni mort ni vivant oublié dans mon hinterland
Je marche dans des volutes de désespoir
Plus loin se glissent des cygnes noirs
Le silence comme un lointain écho
Se brise sur l’eau
En jouant sur ma vie
Le pinceau chuchote des couleurs sur la toile
Silencieux tu murmures des formes
Le monde peut s’arrêter de tourner
Oublie le souffle du vent
La fin est comme un commencement éternel
Le point où ton pinceau tourne dans l’espace
Et invente des mots dans des langues imagées
Brille dans ta tête
Tu vis ta vie frénétique
Tranquillement
En tête à tête avec tes œuvres
Morte nature, c’est comme vivre
Ou plus rien n’a d’importance
Les nuits blanches aux reflets pâles
Et les matins ivres de n’avoir pas dormi
L’écho des mots qui en nous résonnent
Comme claquent les pas sur les pavés à Paris
Ce dernier instant figé dans le temps
Dans les bars-tabacs se tabassent les sucres
Se claquent les pièces pour un petit noir
Les voix se font douces se voilent matinale
Plus loin, les rues se lavent comme on se lave du soir
L’absinthe, absente, d’esprits envolés
Les matins blancs et les nuits d’ivresse
La verte se mure dans mon crâne brisé
L’écho resonne et jamais ne cesse
Les voix matinales dans les rues lavées
Plutôt debout sur tes genoux
Que vivre en mourant
Je ne sais où, cela me mènera
Je serais survivant
Plutôt rester hors d’églises
Que trembler pour le diable
Vivre sans tabous
Que passer à table
Sur ma route d’existence
Je veux voir le monde
S’il faut périr avec lui
Est-ce si immonde
Tant de choses sont trop belles
Pour ne pas aimer
Et d’écrire sur une feuille
Pour remercier
Je veux vivre fière et libre
Où que vie me mènera
Même vivre à genoux
Tant que ça ira
Je vivrai ma vie debout
J’irai peut-être à tâtons
Jusqu’à la fin de la route
Je serais vagabond
Nous étions frères, certes éloignés
Mais d’esprit frère en créativité
On a bâti un monde, une civilisation
Tout en dialogue, sans abjuration
De notre Dieu, nous gravîmes la Voix
De son appel, chacun par sa voie
En poèmes, nous nous sommes mêlés
Les trois frères, les trois héritiers
Que reste-t-il de nous
Du monde de tolérance, du monde d’espoir
Il reste seulement toutes les pages
Que nous avons laissé en héritage
Al Andalous, où t’es-tu perdue
Fille sage parmi les élues
Il y a des jours où tu fus la Grande
Aujourd’hui, tu as disparu
J’ai pleuré des larmes d’encre
De poèmes trop vite oubliés
Al Andalus que nous est-il arrivé
Il n’y a pas de serrure trop grande pour voir passer l’univers
Il n’y a pas d’univers assez noir
Et où les étoiles se comptent par-delà les constellations
Il n’y a que des éclats des impressions
Plus loin que la ceinture d’Oort, la petite chose insignifiante
Dessine son destin en lignes fractales
D’une cabale immense et qui nous vient de la nuit des temps
De solaire, il ne reste que le vent